mercredi 5 décembre 2007

Toutes les photos de la lecture au Centre Culturel Max Juclier

Vous pouvez voir toutes les photos de la lecture du 22 novembre 2007 au Centre Culturel Max Juclier de Villeneuve la Garenne en cliquant sur ce lien :
Lecture Du Roi Gordogane Max Juclier

mardi 4 décembre 2007

22 Novembre 2007 : Lecture au Centre Culturel Max Juclier

Jeudi 22 novembre 2007. La grève des transports, toujours ... Et la troupe doit présenter une lecture de la pièce au Centre Culturel Max Juclier à Villeneuve la Garenne, devant Jean-Luc Borg, son Directeur. Dans la salle il y a Dorothée, Fabienne et Lydia qui ont pris un jour de congés pour être là et soutenir, coûte que coûte. Et ça soutient. Fort.



19 novembre 2007 : 2 présentations en pleine grève !

Lundi 19 novembre 2007, malgré la grève des transports, la troupe s'est produite 2 fois !
Tout d'abord à l'Espace Jemmapes (merci à Moustapha Aïchouche et à Catherine Despinoy) à 15 h 00 pour présenter la maquette des 2 premiers actes. Puis à peine le temps de remercier, d'embrasser, de croiser, ne serait-ce que du regard, de parler, d'entendre tous ceux qui se sont déplacés à pied, à vélo, en embouteillé, en comme-on-peut-mais-on-veut et il faut se démaquiller, remballer et repartir dans le traffic pour monter, placer, se préparer pour le 2ème round : la présentation de la lecture.
A 20 h 00 au Lucernaire, la lecture du Roi Gordogane est présentée à l'occasion de la sortie du dernier livre de Radovan Ivsic, Cascades. Cette soirée était organisée par L’Association des anciens étudiants des universités croates (AMCA) et le Congrès Mondial Croate. http://www.amb-croatie.fr/
Ces 2 présentations ont été données en la présence de Radovan Ivsic et d'Annie Lebrun dont le soutien ne s'est jamais démenti. Merci à eux et à tous ceux qui se sont déplacés pour nous soutenir malgré les problèmes de transport.

lundi 26 novembre 2007

La distribution

Guillaume Caubel, comédien :


Diplômé de l’école LAMDA de Londres, puis formé au Conservatoire d’Orléans sous la direction de J.C.Cotillard, il est aussi titulaire d’une maîtrise arts du spectacle de l’université Paris III.
Il participe à de nombreux stages avec Olivier Py, J.F. Peyret, Clémentine Yelnik, Antoine Juliens, Stanislas Nordey, Philippe Calvario.
Formé au chant et à la danse, il intègre la compagnie de danse contemporaine Muriel Herpin, et met par ailleurs en scène le spectacle musical Rimbaud/Verlaine dans lequel il joue le rôle de Rimbaud.
En tant que comédien, il a travaillé sous la direction de Robert Hossein (Ben Hur), Julie Lessure (Les débutantes de C.Honoré), et Denis Moreau (Haute surveillance de Genet). Il collabore depuis plusieurs années avec le Théâtre du Lierre et a notamment joué dans Noces de sang de F.G.Lorca et Salina de Laurent Gaudé, m.e.s. de Farid Paya
Actuellement, il prépare l’adaptation et la mise en scène du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare en opéra-rock.


Pierre Delacolonge, comédien :


Après des études d’ingénieur, il se tourne vers les lettres et obtient une Licence en Lettres et Arts (Théâtre et Cinéma) à l’Université de Paris VII.
Puis il s’engage dans un Master Image & Son (Cinéma).
Parallèlement, il suit les ateliers d’art dramatique de Magali Serra depuis 2005 et joue sous sa direction les rôles de Gerry dans Danser à Lughnasa de Brian Friel , Lao-Baï et Han-Yu dans Le collier de perles du Gouverneur Li-Qing d’Eudes Labrusse, Stipan dans Kids de Fabrice Melquiot, et Sébastien dans La nuit des rois de Shakespeare.



Frédéric Kontogom, comédien :

Il se forme au Conservatoire de Noisiel, Marne la Vallée, Seine et Marne, puis au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris.
Il travaille notamment avec Patrice Chéreau, Stuart Side, Myriam Boyer, Christian Schiaretti, Anne Bourgeois, Ned Grujic.
Il a mis en scène un spectacle sur les crieurs de Paris avec la compagnie de chanteurs polyphoniques Non Papa.
Il a réalisé deux courts métrages : une adaptation de la BD "Jefferson ou le mal de vivre" de Ptit Luc et "Souvenir", dont il écrit le scénario autour de la difficulté d'abandonner son passé.
Ce qu'il recherche dans le spectacle, c'est découvrir l'humain au travers des textes, mais aussi des publics.


Emmanuel Leckner, comédien :

Il pratique déjà le théâtre depuis de nombreuses années lorsqu’il se forme à l’improvisation avec Théâtre en Stock. Il intègre ensuite l’École du Studio-Théâtre J.L.Martin-Barbaz et le CNR de Cergy dirigé par H.Japelle.
Il aborde également les arts du cirque avec la compagnie Rustine et participe à divers spectacles de rue sur des textes de Molière et Shakespeare.
Il travaille la marionnette avec la compagnie Fifrelot qu’il rencontre en 2000 et s’adonne aux échasses pour F. Théâtre, Les Géants,… Il joue dans des créations théâtrales de Marie Bertozzi avec le Théâtre de l’Alambic (Lueur sur la lande ; Dieu dit) et dans plusieurs spectacles jeune public (La folle histoire du ciel, création musicale de la compagnie Ololo ; Mowgli l’enfant-loup, compagnie Les Tréteaux de la Pleine Lune ; Gulliver et fils, compagnie Les Trottoirs du Hasard) ; actuellement, il est Roger dans Sa Majesté des mouches sous la direction de Ned Grujic.
Par ailleurs, il se forme en danse avec Ann Lewis et suit en 2006 le stage « Shakespeare et la commedia dell’arte » (compagnie Zefiro) dirigé par Rafael Bianciotto et Ned Grujic.


Caroline Mozzone, comédienne :

Elle débute avec la compagnie de l'Histrion sous la direction d'Henriette Marchetti, et travaille avec la compagnie Miroirs et Madeleine Raulic.
En 2000, elle entre au Conservatoire de Toulon où elle obtiendra son diplôme d'études théâtrales (sous la direction d’Alain Terrat).
Elle est également formée au chant au conservatoire et à l’AIMP.
Elle a joué La Cantatrice Chauve (Mme Smith), La jeune fille, le diable et le moulin d'Olivier Py (l'Ange), A tous ceux qui de Renaude (Yolande Tatin).
En 2006, elle rejoint les ateliers du théâtre 13 (Raphaël Bianciotto, Quentin Defalt, Anne Bourgeois, Cotillard…).
En 2007, elle joue dans Oxtiern ou les malheurs du libertinage du Marquis de Sade (rôle d'Amélie). Elle a enfin plusieurs courts métrages à son actif.


Isabelle Saudubray, comédienne :

Après différents cours privés (Cours Simon, Cours Viriot), elle poursuit sa formation avec le Théâtre du Campagnol, Georges Bigot, Jean-René Lemoine et Alain Recoing.
Très attachée au travail corporel (mime, danse, jeu masqué, commedia dell'arte), elle défend aussi bien le théâtre de textes (Sganarelle ou le cocu imaginaire de Molière, m.e.s. V. Tavernier, compagnie des Malins Plaisirs, notamment), que le théâtre de rue (Je cheminerai toujours, création de Léa Dant,Théâtre du Voyageur Intérieur ; Caligula et Le confort universel, deux mises en scène de Françoise Bouvard, compagnie Lackaal Ducrick).
Elle s'intéresse également à d'autres formes théâtrales telles que les lectures spectacles (Chez les Titch de Louis Calaferte, m.e.s. Thierry Jozé, compagnie Le Contre-Pas) ou le théâtre d'appartement (Saveurs mêlées, d'après des nouvelles de Maupassant, m.e.s. Geneviève Arnaud, compagnie Monnaie de Singe), et s'investit dans des projets où tous les arts sont mêlés : chant, danse, marionnettes, etc. Elle fait partie du Contre-Pas depuis deux ans.


Ulrich Vautrin-Césaréo, comédien :

Formé au cours Florent, il aborde le travail de clown et le jeu masqué à l’École Thierry Hamon, ainsi qu’avec la compagnie Puzzle Théâtre pour laquelle il joue ensuite les rôles de Sganarelle dans Le médecin malgré lui, de Valère dans Le médecin volant de Molière, et dans un spectacle jeune public pour deux comédiens et une marionnette (La croisée des chemins de C.Mighirtditchian).
Il interprète également Camus (Caligula), Brecht (La résistible ascension d’Arturo Ui, rôle d’Ernesto Roma, m.e.s. A.Valverde), Carole Fréchette (Les sept jours de Simon Labrosse,m.e.s.Thierry Jozé).
Il participe à des créations de rue avec FOX Compagnie et intervient sur échasses pour la compagnie Puce Muse / Espace Musical.
Membre du Contre-Pas, il explore la forme de la lecture spectacle à plusieurs reprises, tant comme comédien que comme metteur en scène (Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis).


Pierre-Antoine Winter-Samary, comédien :

Formé à l’art dramatique et au clown au Samovar, il a joué dans Andromaque de Racine (rôle de Pylade) m.e.s. par F. Hamerlak, dans Orgie de Pasolini m.e.s. par Philippe Dormoy.
Il a également travaillé pour des créations de Marie Bertozzi (assistant à la mise en scène sur Lueur sur la lande et l’adaptation des Nouvelles Orientales de M.Yourcenar ; comédien dans Dieu dit) et participé à divers courts-métrages.
Il est membre fondateur avec Marielle Morjean de la compagnie "La Bouche Décousue".

Le soutien précieux de Radovan Ivsic

Chère Magali Serra,
Je me réjouis que vous ayez l’intention de monter Le Roi Gordogane. D’autant que j’ai eu précédemment l’occasion de voir certaines de vos recherches théâtrales, dont j’ai apprécié la grande qualité.
Aussi, d’après ce que vous m’avez dit de votre conception du Roi Gordogane comme des grandes lignes que vous comptez suivre pour le monter, je ne peux que vous encourager vivement dans ce projet. Je suis impatient d’en avoir des nouvelles.
Bien cordialement
Radovan Ivsic.


Poète et auteur dramatique né en 1921 à Zagreb, Radovan Ivsic est une figure emblématique du surréalisme en Croatie. Il fût interdit pendant l’occupation allemande comme sous le régime de Tito, alors considéré comme un « artiste décadent ».
À cette époque, il se réfugie dans la traduction ( Rousseau, Molière, Maeterlinck, Marivaux, Apollinaire, Giraudoux, Breton, Ionesco, Césaire…) avant de gagner définitivement Paris en 1954. C’est ainsi qu’il rencontre André Breton qui l’invite à participer aux manifestations du mouvement surréaliste. Ce n’est qu’à la fin des années soixante-dix que son oeuvre est peu à peu réhabilitée en Yougoslavie.
En France, l’auteur n’est malheureusement que peu joué.
Le Roi Gordogane, pièce écrite en 1943, pose la question du pouvoir et de la servitude volontaire. Elle a pu être créée en 1956 par la Radiodiffusion Française avec notamment Michel Bouquet, Alain Cuny et Daniel Sorano, avant d’être montée à Paris, Zagreb, Athènes, New-York, Stanford, Montpellier.

L'équipe artistique

Elodie Vatin, chorégraphe :
Formée au GADRO-Paris et au RIDC-Paris, elle obtient également une Licence arts du spectacle à l’Université de Paris VIII. Durant ses études, elle effectue notamment un travail sur l’analyse du mouvement avec le chorégraphe Santiago Sempere. En tant que danseuse, elle participe à des créations de danse contemporaine avec la compagnie Ammanite et travaille avec Blandine Courel.
Pour la compagnie Aki-Gahuk, elle interprète différentes créations de danse-théâtre (Pénélopes aux Métallos de Paris et au TGP de Saint-Denis). En tant que chorégraphe, elle travaille pour la compagnie Temps Danse à Rosny sous Bois et intervient sur des pièces de théâtre. C’est ainsi que sa collaboration avec Magali Serra débute et qu’elle crée des chorégraphies pour Danser à Lughnasa de Brian Friel.
Enfin, elle anime divers ateliers de danse, dont celui de l’Institut d’Éducation Motrice.

Véronique Guidevaux, éclairagiste :
Depuis sa sortie de l’École de la Rue Blanche (ENSATT) en 1992, elle est l’éclairagiste de plusieurs compagnies : les Tréteaux de la Pleine Lune, la compagnie Rick Odums, la compagnie Synopsie. Elle met en lumières aussi bien des pièces du répertoire (Le barbier de Séville, Le mariage de Figaro) que des comédies musicales (Oliver Twist, Merlin l’Enchanteur), des pièces de danse (baroque, jazz), ou encore des spectacles jeune public (Mowgli l’enfant loup, Polichinelle). Elle a longtemps travaillé pour des expositions temporaires dans différents musées (Musée d’Orsay, Le Petit Palais).
Elle est également intermittente pour divers lieux de spectacle, tels que l’Espace Carpeaux à Courbevoie, Le Village de Neuilly ou le SEL à Sèvres.

Magali Perrin-Toinin, costumière :
Diplômée des métiers d’art (costumier-réalisateur) et en techniques d’habillage (DTMS), elle assiste régulièrement depuis 2003 Sylvie Martin-Hyszka sur ses créations (fabrication de costumes pour l’opéra L’Ormindo, sur Femmes gare aux femmes et William Buroughs, mises en scène de Dan Jemmet ; réalisation de costumes pour Le Pont de San Luis Rey, Cesare et La Cerendola, mises en scène d’Irina Brook).
Elle travaille également auprès de Zouzou Leyens pour la fabrication des costumes sur Katerine Barker et Hélène en 2006 (mises en scène de Serge Tranvouez).
Elle a par ailleurs signé la création et la réalisation des costumes de plusieurs créations de la compagnie Fébus (La terrible histoire de Barbe Bleue, Signé Arsène Lupin) et de la compagnie les Tréteaux de la Pleine Lune (Merlin l’enchanteur).

Floriane Rigolot, accessoiriste :
Diplômée des Beaux Arts de Toulouse, elle crée l’association Ndadje et fait un échange de résidence avec l’artiste peintre sénégalais Baye Ly durant ses études ; ils exposent ensemble pour l’Alliance Française (Toulouse et Dakar) et au Centre Culturel Français de Saint-Louis.
Depuis 1997, elle travaille avec l’Atelier des Feuillantines, participe à leurs installations multimédia régulières (notamment à l’IRCAM) et, plus récemment, enseigne chez eux les arts plastiques. Elle participe à l’exposition collective itinérante TTPO en 2003 en réalisant une installation sonore (Quincaphonie).
En 2004, elle est en poste à Djibouti en tant que conseillère au Ministère de la communication et de la culture ; elle y crée l’Institut National de Formation aux Arts Plastiques et à la Culture, y organise diverses manifestations, et y enseigne pour différents publics. Puis, elle revient en France et travaille en multimédia pour Les Sociétés de l’Information et La Maison des Femmes de Montreuil.
C’est en 2006 qu’elle collabore avec Magali Serra en tant que scénographe sur la pièce Le collier de perles du Gouverneur Li-Qing d’Eudes Labrusse.

Alice Delachapelle, graphiste :
Diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, elle travaille le graphisme d’exposition (La Villette, Musée départemental de l’Éducation de Saint-Ouen l’Aumône, Conseil Général du Val d’Oise, Le Potager du Roi à Versailles, Centre d’Études et de Recherches en Arts Plastiques), le graphisme évènementiel (compagnies de théâtre, Festival de l’Affiche à Chaumont, associations culturelles) et le graphisme d’édition (revue pour les écomusées de l’UNESCO ; publications d’architecture, de design et de mode pour le Japon). Elle anime également des ateliers de recherche à l’IUFM de Versailles sur la question de la relation image-sens-écriture.

Magali Serra, metteur en scène

Après avoir terminé ses études de droit, elle fait le choix de ses premières amours : le théâtre, qu’elle pratique déjà depuis de nombreuses années, notamment aux côtés de Ned Grujic. Elle vient ensuite compléter sa formation pratique par l’obtention d’une Licence d’études théâtrales à l’Université Sorbonne-Nouvelle (Paris III) et travaille en stages les trainings d’acteurs selon la méthode Pygmalion. Depuis, elle continue de jouer régulièrement pour la compagnie de Ned Grujic (Les Tréteaux de la Pleine Lune), avec laquelle elle interprète Shakespeare (Le Songe d’une nuit d’été, rôle d’Héléna), Beaumarchais (La mère coupable, rôle de Bégearss), et joue dans des créations jeune public alliant théâtre, chant, pantomime, claquettes (Mowgli l’enfant loup et Sherlock Holmes et le chien des Baskerville). Elle participe à la création de lectures-spectacles avec la compagnie du Contre-Pas (Goûts et dégoûts de femmes d’après Ogawa, m.e.s. Isabelle Saudubray, et Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis, m.e.s. Ulrich Vautrin-Césaréo). Elle a également joué Molière, Goldoni, Molnar, Fo, Ghelderode et tourné un spectacle de bar à trois voix autour des textes de Jean Richepin (Du mouron pour les petits oiseaux). Par ailleurs, elle poursuit des recherches sur le corps et les émotions en animant des stages sur ce thème. Depuis 2002, elle fait ses premières armes de mise en scène avec ses élèves (ateliers du CLAJE et de la Cegos) et monte Dario Fo (Mistero Buffo), J.C. Grumberg (L’atelier), F.G. Lorca (La Savetière Prodigieuse), Steve Gooch (Transport de femmes), Brian Friel (Danser à Lughnasa), Eudes Labrusse (Le collier de perles du Gouverneur Li-Qing), R.W. Fassbinder (Le Bouc), Fabrice Melquiot (Kids), J. Anouilh (Antigone), Shakespeare (La nuit des rois). Elle est actuellement assistante à la mise en scène pour Ned Grujic sur Sa Majesté des mouches. Elle s’attache à défendre un théâtre de corps et des textes profondément humains.

La mise en scène

Le théâtre est un lieu
« où chacun est amené à se voir
dans la violence de ce qui le lie
à la collectivité et à l’univers,
tout en l’en séparant ».


Radovan Ivsic









Mettre en scène aujourd’hui Le Roi Gordogane c’est, pour moi, continuer de travailler l’universalité du théâtre, en tant qu’art vivant touchant à l’humanité de chacun, en sortant des sentiers du tout-réalisme.


De la plus ou moins grande distance avec le réel dépend
la plus ou moins grande portée de l’interrogation théâtrale
- Radovan Ivsic –


Pour permettre au texte de prendre vie dans toutes ses dimensions, je choisis d’assumer pleinement LA CONVENTION DU CONTE établie par l’auteur. Et, le théâtre de Radovan Ivsic étant un théâtre organique, c’est par UN THÉÂTRE DE CORPS qu’il sera incarné.


La mise en scène fait appel à L’ENFANCE et au pouvoir de L’IMAGINAIRE pour révéler une réalité crue et permettre au spectateur de pénétrer dans cet univers où tout est possible, où le comique, le tragique, le poétique, le politique, le philosophique se croisent ou se rejoignent. On entre dans Le Roi Gordogane comme on entre dans la vie : par le chemin de l’enfance, son innocence, sa spontanéité, sa cruauté, son sens du jeu dans ses diverses acceptions.
Car quoi de mieux que l’enfance pour faire résonner la vie dans toute sa douceur et toute son âpreté ?
À travers ce prisme, on peut tout dire et la dureté du propos peut être entendue.
De plus, le spectateur est invité à engager son propre imaginaire et à s’approprier l’histoire.

Ainsi, le comédien, adulte, ne joue pas l’enfant, mais investit l’histoire à la manière de gamins jouant au prince et à la princesse qui créent leur monde avec trois bouts de ficelle, mais dans un engagement total, une sincérité profonde et une conviction inébranlable. Il s’agit pour lui de rappeler l’enfant qui est en chacun de nous, de retrouver sa vision du monde et sa créativité naturelle.
La scénographie se veut donc épurée, faisant place à l’inventivité.

Comme l’espace surréaliste du conte est à créer, l’espace de jeu est à inventer, le plateau nu à transfigurer.
Un traçage au sol à vue, son effacement et sa transformation au gré des actions des comédiens définissent les espaces du palais ou de la forêt, évoquent le bac à sable, le temps de l’insouciance comme celui du parcours initiatique, mais aussi la matière première de vie et de mort qu’est la terre.

- Le Fou : Tout ce que le berceau berce, la bèche l’enterre …
La poussière se promène sur la poussière.

Deux chaises d’écoles, sous l’impulsion des comédiens, figurent tour à tour un gourdin, un trône, un cheval, la Tour Blanche, un gibet. Ce mobilier du quotidien de l’enfance, support de nos premières appréhensions de la vie en société, fait écho à la fonction éducative du conte qui participe à notre apprentissage de ce que signifie être au monde. Son détournement, sa manipulation renforce la convention théâtrale et le pouvoir créateur de l’imaginaire du spectateur.

La mise en espace exploite profondeur, hauteur, éloignements, rapprochements, contacts et un jeu de lumières sobre mais précis vient mettre en relief les contours immatériels des différents lieux d’action créés par le comédien. Quelques accessoires tout droit sortis de l’imagerie enfantine viennent compléter des costumes contemporains, maintenant le fil entre poésie de l’enfance et actualité du propos.

LE CONTE, dans sa vocation initiatrice, interroge les fondamentaux de l’humain de manière latente, au travers d’un sujet apparemment léger et archétypal.
Afin d’ouvrir la réflexion sur l’âpreté du propos politique et social du Roi Gordogane dénonçant les dérives du pouvoir et la montée des individualismes, sans imposer quelque jugement que ce soit, il me paraît nécessaire de laisser le jeu de l’inconscient, tant individuel que collectif, se faire.
Par le truchement des conventions théâtrales et enfantines, la force des idéaux légendaires rencontrera la violence d’une réalité impossible à nier.

Aussi, je choisis de faire évoluer les degrés de distanciation au cours de l’action, passant notamment par la notion de théâtre dans le théâtre et une codification du jeu et des espaces qui se délite au fur et à mesure jusqu’à atteindre, non pas le réalisme, mais la réalité tangible : celle de la matière chair.
Rêve et réalité seront au coude à coude dans le jeu des matières (corps, terre, objets).

La création des personnages typiques du conte de fées est issue d’un travail corporel qui détermine l’identité visuelle et émotionnelle de chacun dans le kaléidoscope humain, et pousse ses formes jusqu’à illustrer les visions tranchées de la tradition du conte : le lyrisme excessif et contrasté du prince amoureux transi (Tinatine) s’exprime dans une gestuelle fluide et haletante jouant entre espoir et désespoir ; le Chevalier, symbole du sauveur sans peur et sans reproche, trouve les principes de sa mission dans une forme mécanique, rappelant les robots nichés sur les étagères des chambres d’enfants ; le méchant roi ubuesque (Gordogane) envahit tous les espaces dans une attitude large et maladroite ; etc.
Ce code de jeu aux accents naïfs s’effacera progressivement, au gré de la montée des tensions dramatiques, sans dénaturer les personnages mais dans une sorte de dénuement, les rapprochant petit à petit de la simple condition humaine.
Cependant, le moindre des personnages aura pris chair et vie par l’incarnation du comédien, y compris le Perroquet ou l’Oiseau que l’on pourrait croire accessoires ou reléguer au rang d’élément de décor.

Le comédien au coeur de tout

LE CORPS du comédien, que ce soit en termes d’espace ouvert par le jeu ou d’espace scénique, est donc à l’origine de tout ; il est le créateur principal et la matière même du Roi Gordogane.
Par l’investissement et la transformation des espaces, il est vecteur de scénographie ; par son incarnation physique des personnages, il met en vie les luttes de l’enfance, l’éternelle confrontation du rêve et de la réalité, de l’amour, du pouvoir et de la mort.

Le comédien est au coeur de tout : l’acteur-personnage, l’acteur-costume, l’acteur-décor.

L’intégration de passages chorégraphiques ne pouvait qu’aller dans le sens de cette prédominance du corps.
La danse-théâtre, par touches ponctuelles, répond ainsi à l’intensité dramatique de ce conte aux allures satiriques et ouvre à la poésie brute de la réalité des corps. Elle souligne les contradictions de l’humain et les contrastes entre innocence et violence, entre humour, idéalisme et cruauté de la réalité.


Pousser la théâtralité par le jeu croisé du grotesque, de la naïveté, des symboles, des définitions manichéennes du bien et du mal induites par la forme du conte, mais aussi de la dérision et de la sincérité, permet une mise en abîme des travers de l’humain, libère le propos politique et rend toute son évidence et son utilité à la dénonciation critique de l’arbitraire.

Epilogue - Prologue

Qu’est-ce que c’est ?
C’est enterré
mais ce n’est pas mort ;
cela prolifère
mais ce n’est pas vivant.
Qu’est-ce que c’est ?
C’est le théâtre.
On a dit :
c’est la peste.
C’est la peste,
ce n’est pas la peste.
C’est le feu,
Ce n’est pas le feu.
(…)
que ce soit le fléau,
que ce soit de nouveau le fléau,
le tourbillon,
les ténèbres,
tout, enfin.
(…)
Alors quoi ?
Et, au fond,
qu’est-ce que c’est :
ce qui est enterré mais qui n’est pas mort,
ce qui prolifère mais qui n’est pas vivant ?
C’est le théâtre maintenant !


Radovan Ivsic

Une urgence à monter cette pièce

Dans ce conte déjanté qui nous renvoie aux jeux parfois cruels de notre enfance, Radovan Ivsic développe une satire du despotisme et une dénonciation de l’arbitraire. La truculence des personnages, l’intemporalité et le rythme de la langue, le jeu des symboles, l’affrontement du rêve et de la réalité, la confrontation des thèmes universels du pouvoir, de l’amour et de la mort, sont autant d’éléments qui rapprochent l’oeuvre de Radovan Ivsic des grandes tragi - comédies de Shakespeare.

Tous les ingrédients du conte de fées dont nous avons été pétris sont là : une princesse séquestrée dans une tour, un chevalier archétype du sauveur sans peur et sans reproche, un prince amoureux transi, un fou à la lucidité déroutante, un esprit de la forêt gardien de la vérité, un roi tyrannique ayant usurpé le trône,…

Néanmoins, la parole de l’auteur résonne aujourd’hui non seulement dans notre conscience collective d’adulte, mais également dans les déviances de nos sociétés modernes. À l’heure où des génocides continuent d’être perpétrés, où l’économie conditionne la vie de chacun et renforce les individualismes, où le pouvoir se veut invisible mais reste concentré dans les mains de certaines puissances mondiales hégémoniques, l’humour et la noirceur de ce texte au propos simplement humaniste font souffler sur nos têtes un vent de fraîcheur pertinente.

Ainsi le roi Gordogane, tyran ubuesque, rêve notamment de devenir invisible pour mieux exercer son régime de terreur et en voir augmenter sa jouissance personnelle. Et, au fil de l’histoire, chacun des personnages se voit emporté dans le tourbillon des individualismes et vient finalement contribuer au « bon fonctionnement » de la machine totalitaire. Même l’amour, s’il reste sauf, ne parvient pas à lutter contre la folie destructrice.

Il s’agit là, à mon sens, d’un texte d’utilité publique à partager avec les spectateurs de générations confondues.

Résumé de la pièce


Tinatine : Père, ne t’étonne pas de ce que tu vas entendre. Me taire et dissimuler, ce n’est plus possible, et je vais te révéler ce que je voudrais tant te cacher. Mais quand la pluie tombe, qui peut l’arrêter ? J’aime, mon père, j’aime d’amour. L’amour me ploie et me retourne comme la tempête les feuilles sèches, il me traîne sur des cailloux rugueux et me jette sur des rochers pointus. Je suis seul et sans secours, comme une coquille de noix dans un torrent sauvage.
J’aime.


Gordogane s’est proclamé roi. Il a enfermé Blanche, la fille de son prédécesseur, dans une tour perdue au milieu de la forêt. Sous les yeux dépités du Fou, il exerce son despotisme avec bêtise,méchanceté et terreur : il « tsaf » ses sujets au moindre prétexte.
Tinatine, le fils de Gordogane, aime la princesse Blanche à en mourir et ne cesse de la chercher malgré les interdictions de son père.
Du haut de sa tour, Blanche fait la rencontre d’un Chevalier étrange dont la venue va mettre en péril le pouvoir de Gordogane. Et, lorsque Tinatine la trouve enfin, elle lui déclare son amour en retour et lui demande de tuer son père.
Cette requête le laisse en proie au doute, tandis que son père tente vainement de se débarrasser du Chevalier après lui avoir fait boire l’herbe de l’oubli.
Encouragé par le Fou et galvanisé par son amour pour Blanche, Tinatine trouve enfin le courage de s’opposer à son père. Mais celui-ci le prend sur le fait et le jette en prison.
Dans la forêt,Tibelitsa, esprit des lieux, est partout Le Chevalier, qui a perdu la mémoire et erre parmi les arbres, découvre l’amour en la rencontrant.
Blanche, sans nouvelle de Tinatine, a quitté sa tour et brave la noirceur de la forêt pour regagner le palais de Gordogane. Elle y parvient au moment où Tinatine va être pendu.
Sous la pression du retour imminent du Chevalier, la folie destructrice de Gordogane s’emballe et l'exécution tourne à l’hécatombe.
Sans plus aucun sujet vivant autour de lui, Gordogane décide d’aller « tsaf » les arbres.
Seuls Tibelitsa et le Chevalier ont échappé au massacre.

samedi 3 novembre 2007

29 septembre 2007 : 1ère présentation publique des deux premiers actes.

Après trois semaines de résidence en été au Chapiteau La Fontaine aux Images de Clichy-sous-Bois, logeant dans leurs caravanes, il nous tardait de pouvoir présenter les deux premiers actes du Roi Gordogane.
Pour nous avoir accueillis chez eux et permis de créer notre maquette, nous adressons un très grand merci à André Valverde et à toute l'équipe de la FAI.

A tous ceux qui ont atteint Clichy-sous-Bois, un samedi soir, troquant le transport public collectif contre l'usage de la voiture particulière mais bien souvent partagée, merci.

24 Septembre 2007 : 1ère lecture organisée à la MEO.

En ce jour, le Roi Gordogane va à la rencontre de son bon public et livre sa première lecture mise en espace au sein de la Maison de l'Europe et de l'Orient. Radovan Ivsic, l'auteur, et sa femme, Annie Lebrun, sont présents.
Merci à Dominique Dolmieu et tout l'équipe de la MEO pour leur accueil et leur soutien.